Une histoire d’intégration… et d’amour
Native de Barranquilla en Colombie, Vanessa étudie en génie industriel avant d’immigrer au Canada en 2003. Ce qui l’amène ici? L’amour, bien évidemment! Elle fait la rencontre de l’acteur, réalisateur et scénariste Christian De la Cortina sur un bateau de croisière au début des années 2000. Né à Cowansville de parents d’origine chilienne, Christian et ses parents demeurent dans les Cantons-de-l’Est depuis déjà longtemps et ils ont été charmés par l’accueil qu’ils y ont reçu à leur arrivée dans les années 70. Il n’en faut pas moins pour convaincre Vanessa de débarquer au Canada, d’apprendre le français intensivement à l’Université de Montréal, puis de se spécialiser avec un DESS en gestion de la chaîne d’approvisionnement à HEC Montréal, en français s’il vous plaît! Elle travaille par la suite pendant plusieurs années dans ce domaine, notamment chez L’Oréal, Agropur et IBM.
Parallèlement, Vanessa donne un coup de main à son conjoint dans ses projets de cinéma. Ses aptitudes en gestion et en administration aident grandement Christian à mettre sur pied ses films, surtout du point de vue du financement. C’est ainsi que naissent Transit, Generation Wolf (disponible internationalement sur Amazon Prime) et Office Games.
Trois enfants, une maison dans la montagne à Bromont et une compagnie de production plus tard, Vanessa et Christian sont solidement enracinés dans l’industrie cinématographique et dans la région des Cantons-de-l’Est.
Des films qui soulèvent des enjeux
S’il y a bien un fil conducteur qui relie tous les films de Righteous Pictures, c’est la volonté d’aborder des thèmes qui sont chers aux yeux des deux complices, notamment la diversité et les injustices. Sous les étiquettes de thrillers et de drames, les films de la compagnie de production soulèvent des enjeux sociaux : la corruption et les abus environnementaux dans les mines d’or du désert d’Atacama (Atacama Files, actuellement en période de financement), les aventures clandestines d’un pilote d’organisation non gouvernementale à vocation supposément humanitaire en Afrique (The Righteous One, en développement) ou bien le triste sort réservé à des travailleurs mexicains venus chercher un avenir meilleur dans une ferme laitière du Vermont (Undocumented, en développement).
Des films pour la plupart campés à l’extérieur du Canada. Lorsqu’on demande à Vanessa pourquoi avoir choisi le Vermont plutôt que les Cantons-de-l’Est pour situer l’action de Undocumented, elle répond « D’abord, parce qu’on a reçu un si bel accueil au Canada qu’on ne se voit pas venir critiquer ce pays qui nous a tellement donné. D’ailleurs, un des personnages du film s’enfuit des États-Unis à un moment donné pour se réfugier au Canada pour améliorer sa vie! Ensuite, parce que les atrocités vécues par les travailleurs étrangers sont tellement plus marquantes aux États-Unis qu’au Canada. Pendant nos recherches, on s’est rendu compte que, pour les travailleurs au Canada, environ 80% ont de belles histoires pour 20% d’histoires négatives. Tandis que c’est complètement le ratio inverse aux États-Unis! Pour les latinos, le "American Dream" est tellement fort que ça les pousse à immigrer vers les États-Unis malgré les histoires d’horreur qu’on entend! Pourtant, le Canada est tellement un meilleur choix pour eux! » Le tournage du film est d’ailleurs prévu dans la région pour décembre 2021 et en janvier 2022. « Un tournage d’hiver, c’est un autre défi, mais c’est tellement stimulant, surtout avec cette histoire qu’on a envie de raconter! » D’ailleurs, il est fort probable que Vanessa et Christian produisent un documentaire sur ce sujet étant donné le volume d’information qu’ils ont trouvé au cours de leurs recherches.
L’esprit d’équipe sur un plateau de tournage : un carburant
On peut bien se demander ce qui pousse quelqu’un qui travaille dans le domaine de l’approvisionnement vers le domaine du cinéma. « La passion, tout simplement. Je voyais Christian mettre tout son cœur dans ses projets, tous les liens forts qui se créent avec les équipes sur un plateau et c’est ça que je voulais. Je ne voulais plus me lever seulement pour aller travailler. Je voulais faire partie de ces gens passionnés qui se lèvent pour porter leurs rêves à 110%. » Un esprit de camaraderie qu’elle a d’ailleurs eu la chance de partager avec l’équipe de tournage du court métrage de Pascale Rousseau au printemps dernier. « Cette gang-là, elle était là pour la passion du cinéma et pour soutenir leur amie dans son premier court métrage. C’était beau à voir et j’étais vraiment contente d’en faire partie! » Cette expérience a d’ailleurs donné le goût à la productrice de se lancer dans le court métrage, un format qui offre davantage de flexibilité et moins de lourdeur administrative.
Enfin, Bromont devient estrienne!
Longtemps à cheval entre la région touristique des Cantons-de-l’Est et la région administrative de la Montérégie, la MRC de Brome-Missisquoi (qui inclut Bromont, Sutton, Frelighsburg, Farnham, etc.) fait désormais partie de la grande région administrative de l’Estrie. Ce qui est une excellente nouvelle pour Le BEAM, qui peut désormais ajouter les fabuleux paysages de ce secteur dans son porte-folio et comptabiliser les retombées économiques des nombreux tournages qui s’y passent parmi les statistiques estriennes. Une nouvelle qui a de quoi réjouir Vanessa : « On s’est toujours sentis estriens, on s’est toujours naturellement tournés vers cette région pour nos projets et on a envie de faire du cinéma ici, avec des équipes et des talents ici. Il y a tellement de perles en Estrie, je pense juste à Marquise Lepage qui m’a tellement aidé pour le projet de documentaire pour Atamaca Files et pour me mettre en lien avec Radio-Canada, ou bien à Mathieu Gagnon, directeur photo qui nous a parlé pour la première fois du BEAM! Le BEAM et aussi le Conseil de la culture de l’Estrie nous aident à nous mettre en relation avec ces perles, et ça crée des étincelles! C’est beau! »