Huy Phong Doan | Chorégraphe de combats et cascadeur | MRC des Sources
Ne cherchez plus LA référence du combat scénique : Huy Phong Doan cumule plus de 30 ans de création et d’enseignement dans ce domaine. Originaire du Vietnam, il a commencé très tôt à pratiquer les arts martiaux, non par choix, mais parce que son père l’y obligeait. Il était le seul garçon de la famille et avait la « pression » d’être capable de se battre et de protéger sa famille. Il allait à ses cours en pleurant, mais son père ne tolérait pas qu’il en manque un. Son éducation très stricte lui permettra d’enseigner les arts martiaux avec une grande rigueur.
Il a quitté le Vietnam à l’âge de 14 ans, soit 4 ans après la guerre. « La guerre, c’était quelque chose, mais la paix, c’était pire. C’était les purges communistes, les tribunaux populaires, les exécutions publiques, les déportations, etc. », confie-t-il. Il s’installe en France avec sa famille, grâce à son père qui a la citoyenneté française. C’est à Paris qu’il rencontre la comédienne québécoise Louise Lavoie (Iniminimagimo) et part avec elle et sa troupe au Congo pour faire du théâtre qui intègre des scènes de combat. Les Congolais sont fous des arts martiaux. Et Louise et Phong sont fous d’amour. Elle le convaincra sans trop de mal à la suivre au Québec.
De belles réalisations
La pièce La Légende du Manuel Sacré (1998)
Écriture, mise en scène et chorégraphie de combats par Huy Phong Doan - Avec Louise Lavoie et Patricia Peréz @ Rolline Laporte
Phong a commencé très tôt à faire des courts métrages. Il travaillait tout l’été pour acheter une petite pellicule de film. Il a vite réalisé que faire du théâtre était moins coûteux !
Sa rencontre avec Jean-Pierre Ronfard, dès son arrivée au Québec, sera marquante, car celui-ci lui proposera tout de suite de créer des pièces de théâtre et le présentera au grand monde théâtral.
Il a depuis travaillé sur plusieurs grandes productions, comme chorégraphe de combat ou cascadeur.
Chorégraphe de combats
« Je n’avais pas prévu faire un métier comme celui-ci, je ne savais même pas qu’il existait ! » confie Phong. C’est comme si la vie l’avait toujours ramené sur le chemin de l’art du combat. En France, plusieurs professeurs l’ont pris sous leurs ailes en lui offrant des cours d’arts martiaux gratuitement, sachant qu’il avait du talent, mais pas d’argent. « Je ne sais pas pourquoi j’ai rencontré autant de professeurs qui ont voulu m’enseigner sans rien me demander », affirme le chorégraphe.
Dans le même ordre d’idées, après un an à vivre au Québec, André Brassard, le directeur de l’École nationale de théâtre, n’a pas voulu qu’il reparte vivre en France, malgré son visa échu. Il a demandé à Simon Brault, le directeur administratif de l’École nationale (actuellement directeur du Conseil des arts du Canada), d’écrire une lettre au gouvernement affirmant que Huy Phong Doan devait rester au pays pour enseigner et transmettre son expertise unique et ses « connaissances indispensables ». Phong n’avait jamais enseigné et doutait de ses capacités. Il enseigne toutefois depuis 30 ans et a fait le tour de plusieurs écoles : l’École nationale de théâtre, l’UQAM, le Cégep de Saint-Hyacinthe et le Conservatoire d’art dramatique de Montréal.
À la question « qu’est-ce que ça prend pour être bon en arts martiaux ? », il a répondu : « la première chose qu’on doit apprendre, c’est l’humilité. C’est-à-dire de constater nos insuffisances techniques et notre ignorance. Le plus difficile, c’est de taire son orgueil. »
Lost and Delirious (2000) -Long métrage de Léa Pool
- Avec Piper Perabo et Huy Phong Doan (dans le rôle d’un professeur d’escrime) - K Film Amérique 2000
De grands projets
Huy Phong Doan a un grand projet en tête : celui de scénariser un long métrage afin de mettre sur écran ses souvenirs du Vietnam. Il se rappelle précisément le moment où un membre de sa famille pointait un fusil sur la tempe d’un autre membre, traitant celui-ci de traitre de souhaiter que la guerre se termine. « J’aimerais que mon film commence par cette image », confie Phong.
Le BEAM
Phong vient tout juste d’emménager en Estrie avec sa nouvelle conjointe. C’est un concours de circonstances qui le pousse à s’inscrire au BEAM. « Aussitôt arrivé, on me demande une entrevue. Je trouve le milieu très actif ici, on vient nous chercher. » « Je trouverais ça formidable de faire mon film ici et de mettre en valeur notre capacité de production et nos talents. »
Huy Phong Doan ; chorégraphe de combats, cascadeur et enseignant d’humilité.