Visite de plateau : Tournage du court métrage LAURA AU PRINTEMPS

Pas de doute, un tournage est en cours dans ce chalet de Saint-Claude! © Masha Castro

Pas de doute, un tournage est en cours dans ce chalet de Saint-Claude! © Masha Castro

Pascale Rousseau est une habituée des plateaux de tournage : depuis près d’une quinzaine d’années, elle fait partie de l’équipe de production vidéo de l’Université de Sherbrooke. Elle a accompagné de nombreux réalisateurs sur leurs plateaux au fil des années, développant un solide réseau dans le milieu estrien. Aux tournants de la quarantaine - sans mauvais jeu de mots avec la pandémie! - elle sent l’appel de la fiction lors d’une retraite fermée dans un chalet de Saint-Claude. C’est là où je la rencontre en cette journée pluvieuse de la fin avril, en plein tournage!

Casser pour mieux recommencer

Laura au printemps, c’est l’histoire de Laura, professionnelle et mère de famille qui mène une vie au rythme effréné, mise au repos forcé par son thérapeute. Tiens donc, un sujet qui sonne une cloche chez quelques-unes d’entre vous? Laura s'isolera dans un chalet, reconnectera avec la nature et avec d’anciennes passions et elle vivra un grand recommencement, non sans résistance, avant d’abdiquer et de finalement lâcher prise.

La maquilleuse Lyssia Bergeron met la touche finale au visage d’Emmanuelle Laroche, l’actrice principale.

La maquilleuse Lyssia Bergeron met la touche finale au visage d’Emmanuelle Laroche, l’actrice principale.

« J’ai connu une période difficile l’automne dernier, et je me suis rendu compte que ça faisait des années que je n’avais pas été toute seule plus que 2 h! On pense à tort que le repos, ça vient en prenant des vacances. Mais partir en vacances, c’était toujours soit avec mon chum, ma famille, mes amis… J’avais besoin d’être seule avec moi-même, de me retrouver, de vivre une vraie solitude sans personne qui attend quelque chose de moi, » mentionne Pascale. C’est ici même, dans ce petit chalet aux abords du lac Boissonneau, que le scénario de Pascale s’écrit pratiquement tout seul, alors qu’elle vit elle-même ce qu’elle couche sur papier.

« Il faut qu’il y ait une cassure pour qu’il y ait un recommencement. L’idée vient de ma propre histoire, mais je me suis aussi beaucoup inspirée du livre Recommencements d’Hélène Dorion autrice et philosophe estrienne. J’en avais entendu parler pendant le Creative Morning de Nathalie Plaat et ça collait tellement à mon scénario! » 

Réaliser un tout premier court métrage, est-ce que ça fait partie d’un recommencement?

« J’en suis à un moment de ma vie où je veux me donner le droit de faire des affaires. Ça fait très longtemps que j’ai envie de réaliser de la fiction. Je suis habituée d’être dans l’orchestre, mais là, j’ai le goût d’être la cheffe d’orchestre! Je dois le faire! » 

« J’en suis à un moment de ma vie où je veux me donner le droit de faire des affaires. »
— Pascale Rousseau, réalisatrice

Comme comédienne principale, Emmanuelle Laroche s’est glissée dans la peau de Laura assez facilement : « On a tous besoin de s'intérioriser à un point dans sa vie. On nous dit de trouver l’équilibre dans toutes les sphères de notre vie : amour, famille, travail, mais ça inclut aussi soi-même. On oublie souvent le soi comme point d’équilibre. Si tout le monde faisait ce cheminement, en s’arrêtant, en étant seul avec soi-même pendant pas juste une heure, mais plusieurs jours, je pense que les gens se porteraient mieux. Si on peut rendre ce désir de solitude normal et sain grâce au médium du cinéma, tant mieux! »

Marquise Lepage, qui coproduit et assiste Pascale à la réalisation, est elle aussi touchée par le sujet de Laura au printemps. « Je dis souvent que j’ai fait des projets pour nourrir ma famille, mais j’ai aussi fait d’autres projets pour nourrir mon âme. D’effacer la femme derrière la mère, ce n’est pas au bénéfice de nos enfants. Ils ont tout intérêt à voir leur mère épanouie et passionnée en dehors de leur cellule familiale. »

Hors de tout doute, un tel sujet résonnera dans les oreilles de plusieurs mères de famille au Québec, particulièrement dans cette époque où la santé mentale est mise à rude épreuve! 


Une équipe majoritairement féminine et 100% BEAM!

Caroline Fontaine, Pascale Rousseau et Marquise Lepage discutent d’une des scènes à tourner.

Caroline Fontaine, Pascale Rousseau et Marquise Lepage discutent d’une des scènes à tourner.

Pascale parlait de son rôle de chef d’orchestre tout à l’heure, elle a soigneusement choisi les musiciens qui porteront sa symphonie : « Je me suis entourée de gens que j’aime, de gens que j’ai côtoyés sur des plateaux ces dernières années et qui sont tellement compétents, ils me nourrissent tellement. Marquise comme productrice et conseillère à la réalisation, elle est merveilleuse et d’une générosité sans borne, tout ce qu’elle dit est pertinent! Emmanuelle, ma comédienne et amie, ça me fascine de la voir travailler, elle me fait dresser le poil sur les bras avec son talent, son émotion et son énergie. Mathieu (Gagnon), il est parvenu à un niveau incroyable avec son éclairage, il a fait des miracles hier! Et David (Elias) au son, à qui j’ai dit «Go, amuse-toi, fais de ce chalet un personnage!« Il y a aussi Vanessa (Caceres) à la production, si généreuse et bienveillante, et Caroline (Fontaine) mon amie de longue date et ma régisseuse aujourd’hui, quel honneur de les avoir sur mon plateau! Il y a aussi Annick, Lyssia, Isabelle, Masha, Marie-Lou... je pourrais continuer à encenser toute l’équipe pendant des heures, mais j’ai un film à tourner aujourd’hui! »

Mathieu Gagnon, Pascale Rousseau et Emmanuelle Laroche.

Mathieu Gagnon, Pascale Rousseau et Emmanuelle Laroche

« On chérit tous ce projet, on veut le tirer vers le haut. »
— Emmanuelle Laroche, actrice principale

« C’est un plateau qui est doux, atteste Emmanuelle. Même si l’horaire est chargé, on chérit tous ce projet, on veut le tirer vers le haut. C’est extraordinaire de voir tout le monde être à sa place et prendre sa juste place. »

À travers cette équipe toute étoile entièrement composée de membres du BEAM, on ne peut que s’attendre à un film de qualité!


Un court métrage autoproduit

Mathieu Gagnon et David Elias © Masha Castro

Mathieu Gagnon et David Elias © Masha Castro

Pascale n’a pas soumis son projet aux différents programmes de subvention. Pour plusieurs raisons, mais notamment parce que c’était important pour elle de réaliser le projet maintenant : « Le printemps, c’est la saison du renouveau, c’est majeur dans l’histoire. Je ne me voyais pas attendre après les subventions et faire mon film à l’automne ou bien attendre le printemps prochain. Le timing c’est maintenant, le scénario a été écrit en mode covid en plus donc il n’y a pas de contraintes majeures côté réalisation. »

« C’est très difficile d’aller chercher du financement pour une première œuvre, confirme Marquise, c’est une excellente idée d’y aller en autoproduction, particulièrement avec les gens compétents qui gravitent autour de Pascale. »

Parce qu’elle porte plusieurs chapeaux dans son projet et qu’elle peut compter sur une équipe avec qui elle peut faire des échanges de services, Pascale réalisera son premier court qui, on l’espère, se démarquera auprès des distributeurs et des festivals. 

Avec un peu de chance, on pourra voir le projet final l’automne prochain. D’ici là, on vous souhaite de vous aussi, trouver ce chalet qui vous reconnectera avec votre essence. <3