Il y a douze ans, il a quitté son petit village breton Guémené-sur-Scorff et sa carrière de chef cuisinier pour débuter une nouvelle vie au Québec. Dès son arrivée à l’aéroport, il a demandé au chauffeur de taxi de l’amener au Studio MELS. « Je veux faire du cinéma. » C’est devant une porte close du mois de novembre que ses pieds se sont butés. Mais sa motivation, elle, est demeurée intacte. Il a commencé dans le domaine deux ans plus tard, à la régie, sur un gros plateau de tournage franco-américain, aux côtés des acteurs Paul Walker et David Belle.
L’entendre parler en entrevue est assez impressionnant. Sa passion se fait ressentir dans chacune de ses paroles et même dans chacun de ses silences, car il prend le temps de faire une pause pour mieux expliquer et vulgariser les termes techniques de son travail à la néophyte qui l’interviewe.
Fier entrepreneur
L’an dernier, il a fait le saut de se consacrer uniquement à son travail indépendant. Ses deux jeunes enfants en sont la raison principale, il a ainsi plus de temps pour eux et une plus grande flexibilité d’horaire. Sa compagnie, Joz production, offre deux services : celui de la production et réalisation de vidéos d’entreprise et celui de conception de systèmes de supports à caméra. Parlant de supports - de riggings/grips, comme les gens du domaine les appellent - il en a pour tous les goûts. Il a conçu les plans de la plupart d’entre eux : supports pour vélos, bateaux, autos, personnes humaines. Bref, il a créé des supports pour tout ce qui vole, roule, patine ou marche ! · « Je vais tout faire pour concrétiser la vision du réalisateur et du DOP [director of photography], donc je vais trouver une solution pour eux. » On l’engage également à titre de key grip sur les plateaux de court métrage, clips vidéo, pub et corpo.
Ces créations sont toutes disponibles pour la location. Sa plus grande fierté serait le black arm, un bras stabilisé à installer sur une voiture ou autre. Il ne l’a pas conçu à proprement dit, mais ce support lui a permis de se faire connaître. « C’est là que l’aventure a commencé », confie-t-il.
Il a fait un cours d’opérateur de steadicam, système stabilisateur de prises de vues portatif, avec Garrett Brown, qui en est l’inventeur avec un grand i. Son expérience en sol américain a été extraordinaire, même s’il a dû s’adapter à parler et à comprendre l’anglais ! M. Brown l’a profondément inspiré, car tout comme lui, il a essayé des prototypes et les a proposés à des amis DOP. C’est d’ailleurs après le film de Rocky que la carrière de M. Brown s’est lancée. « C’est un grand enfant et pour lui, la création est un jeu. C’est ce qui m’a inspiré de lui. Il m’a donné la piqûre », avoue Johann.
Des projets estriens
Cet été, il a pris part au tournage du court métrage Entre-deux de la réalisatrice Clara Prévost. Tourné en Estrie et produit par Véronique Vigneault de la société Chasseurs Films, il a été engagé à titre de machino et de rigger. Il a dû, entre autres, installer une caméra sur un pédalo et sur un vélo. Sa caméra était bien attachée sur son vélo électronique et il a pu filmer une comédienne courant dans un champ… tout en pédalant ! C’était l’une des premières fois qu’il avait la chance de travailler auprès d’autres membres du BEAM, dont Laurent Ulrich et Juan Manuel Chavarin. « J’ai connu une nouvelle équipe de travail et on a pu se revoir sur d’autres projets ensuite. Ç’a débloqué quelque chose de très cool ! » affirme le jeune entrepreneur eastmanois, très heureux de travailler près de sa région.
Un mot sur la rédactrice
Pamela s'est convertie en rédactrice après la naissance de ses enfants. Estrienne d'adoption, elle se passionne pour le cinéma et adore aller à la rencontre de l'autre. Elle se fait d'ailleurs souvent dire qu'elle est toujours en «mode entrevue»! Elle collabore avec Le BEAM depuis
presque le tout début de l'aventure.