L’automne n’est certainement pas monotone pour les membres du BEAM. Plusieurs d’entre eux se sont retrouvés sur un plateau d’envergure sous la direction du réalisateur Frank Tremblay. Le court métrage Les Monstres est la toute première réalisation du scénariste-réalisateur qui s’était mérité le prix Cours écrire ton court de la SODEQ pour la qualité de son scénario et son intéressant potentiel cinématographique. L’équipe de tournage y a travaillé 5 jours, dont 4 dans un espace assez restreint et très d’écho, démontrant un grand sens d’adaptation à tout type de lieu de tournage.
Un huis-clos inquiétant
Ce film raconte l’histoire d’une mère surprotectrice, Manon (Caroline Dhavernas), qui barricade les fenêtres de sa maison, voulant à tout prix protéger son fils unique des « dangers » extérieurs. Le fils devient, en quelque sorte, prisonnier du déséquilibre mental de la mère. La lecture du scénario a tout de suite accroché la productrice de Chasseurs Films, Véronique Vigneault.
« La rencontre que j’ai eue avec ce scénario-là en est une de cœur. Quand je l’ai lu pour la première fois, j’ai été touchée et troublée en tant que mère par le thème de la surprotection. Ça m’a amenée à des réflexions personnelles que j’avais déjà eues : en voulant protéger nos enfants, est-ce qu’on leur fait plus de tort que de bien ? », a confié Mme Vigneault après le tournage. « Je me sentais privilégiée que ma première production soit sur un sujet si touchant et avec une équipe d’une si grande qualité. »
Le scénario se plonge dans les années '80, dans un petit bungalow déniché à Asbestos, grâce à un minutieux repérage de lieux. « La maison est tellement parfaite pour ce genre de scénario. Dès que je l’ai vue en photo, j’ai su que c’était la bonne : plafonds bas, tapisserie. Comme le personnage principal est très propre, je savais qu’il n’y aurait pas de traineries et qu’il serait donc intéressant d’ajouter de la texture aux murs, au lieu de laisser un mur de gypse blanc », affirme la directrice artistique Sophia Belahmer. Le décor et l’ambiance contribuent d’ailleurs au suspense de ce drame psychologique. Et le renommé directeur photo Pawel Pogorzelski (Hérédité d’Ari Aster) - qui s’est montré d’une générosité incroyable envers tout le plateau - apportera sans aucun doute sa touche unique à la qualité de l’image.
Cerise sur le sundae ; les bouteilles d’eau de javel ou de désinfectants présentes dans la buanderie de la maison, et qui devaient être utilisées durant certaines scènes, étaient celles des années 80. «Ç’a vraiment été un coup de chance parce que j’avais fait beaucoup de recherche pour trouver les produits de cette époque!» s’est exclamée en riant la costumière et accessoiriste Guylaine Carrier (d’ailleurs, elle me fait bien rire, car elle a feuilleté un catalogue Sears 1977 pour valider l’époque des produits et accessoires!)
Une belle distribution, une belle production
Les premiers rôles étaient attribués à Caroline Dhavernas et à Étienne Cardin, un jeune homme de 10 ans, qui jouait le fils nommé Jimmy. C’est le père d’Étienne, professeur de théâtre, qui l’épaule et le prépare pour ses auditions. «Je ne me serais pas rendu aussi loin, jusqu’à faire un court métrage, sans mon père» a-t-il affirmé lors du tournage. Il a trouvé son expérience très amusante : « ça ou la Ronde, pour moi, c’est la même affaire! » Lorsque je lui ai demandé s’il se pratiquait beaucoup avant une scène, il a répondu : « Non, parce que je veux que ce soit vraiment naturel. » Son interprétation du petit Jimmy est d’ailleurs assez impressionnante.
Caroline Dhavernas, qui est habituée aux gros plateaux de tournage, a particulièrement aimé son expérience : «On est beaucoup plus libres au niveau créatif quand on fait un court métrage. Il y a une moins grosse pression parce qu’on sait qu’on est ici pour l’amour de l’art. Et le fait de tourner à la campagne, c’est donc merveilleux! Tous les matins, je fais de la route à travers les montagnes et les petits villages [pour se rendre sur le plateau] et je me sens vraiment chanceuse d’être là.»
Les membres du BEAM : en majorité sur le plateau
Plus de la moitié des personnes ayant travaillé sur ce plateau étaient des membres du BEAM. Jocelyn Simard, premier assistant-caméra et technicien de grande expérience, était heureux de travailler auprès d’autres membres du BEAM, et ce, plusieurs journées en ligne. «On travaille dans un contexte où l’on est bien ; on s’est créés une atmosphère agréable. Sur certains plateaux, la pression peut être forte, ce qui n’est pas le cas ici », a-t-il affirmé au 4e jour de tournage.
«Pour transformer la matière de base en film, ça prend une équipe et des talents. Le tournage en était rempli. En fait, tous les départements étaient représentés par des gens de qualité. Et Le BEAM a joué un rôle incroyable pour la recherche les lieux de tournage», a confié la productrice Véronique Vigneault.
Le couple Sophia Belahmer et Louka Boutin a particulièrement apprécié travailler sur le même plateau, tout près de leur résidence. Sur ce tournage, les deux complices occupaient les postes de directrice artistique et de chef électro. «Ça fait changement, on rencontre du nouveau monde, car on est habitués à notre équipe montréalaise. C’était la première fois que je faisais un aussi gros tournage dans le coin», m’a confié Sophia, entre deux scènes.
Le film est maintenant en postproduction. Il sera possible de le voir en 2021.
Le BEAM tient à remercier toute l’équipe :
Production/réalisation
François Tremblay
Véronique Vigneault
Laurent Allaire
Équipe technique
Pawel Pogorzelski
Sophia Belahmer
Matt Sherman
Ruxandra Rusu
Mathieu L'Étoile
Anabelle Guay
Jocelyn Simard
Juan Manuel Chavarin
Guylaine Carrier
Lyssia Bergeron
Louka Boutin
Chady Awad
Laurent Ulrich
Jonathan Leblanc
Johan Gass
Emmanuel Laramé
Postproduction
Ivan Thibodeau
Pierre-Philippe Côté
Comédiens
Caroline Dhavernas
Étienne Cardin
Derreck Frenette
Régie
Yan Després
Giovanni Ottaiano