Ce n’est pas un mince mandat que d’écrire « un bel article en mémoire de Pierre Javaux ». Je n’ai pas connu Pierre, mais j’ai eu la chance de jaser avec plusieurs membres qui ont croisé sa route. La dernière fois que j’ai vu Pierre, c’était à la conférence de presse du lancement du Festival de cinéma du monde de Sherbrooke dont il était président, en 2020. Il avait dit ces mots, « composer votre propre trésor », et je vois en ceux-ci le travail d’une vie.
Pierre Javaux s’est exilé de la Belgique. Déraciné « rempoté » en Estrie, cet homme dont les racines ont bien vite creusé la terre de notre région est souvent présenté comme un grand chêne. Ce n’est pas seulement sa stature qui lui a value ce sobriquet, mais sa prestance et l’immense culture dans laquelle il avait grandi. Celle avec un grand « C », évidemment. Il était de ces grands arbres plus que centenaires, qui accueillent et permettent les rassemblements, à l’ombre desquels il est bon de discuter et de mettre en branle les projets les plus fous.
Pierre Javaux dans les mots de Mathieu Gagnon
« Pierre était un reconnaisseur de talents. C’est la première personne du milieu que j’ai rencontrée à mon arrivée en Estrie. Après l’avoir connu davantage à la Course Estrie (en 2009, maintenant nommé la Course des régions pancanadienne), j’ai travaillé avec lui sur un premier projet en collaboration avec les moines de l’abbaye Saint-Benoit-du-Lac. C’est encourageant d’être engagé par un professionnel de renommée lorsqu’on termine la Course. Cela m’a certainement permis d’émerger. Je salue également son habilité à critiquer de façon constructive. Pierre avait toujours son mot à dire, mais c’était tellement bien amené et respectueux, puis dans une idée de partage. Et les soupers qu’ils nous a cuisinés, en excellent cuistot qu’il était, me manqueront certainement! »
Pierre Javaux dans les mots d’Anh Minh Truong
« Bien que je n’aie pas travaillé directement avec Pierre, je l’ai plutôt connu dans les événements artistiques. Avec la co-création de Cinésis avec Nadia Fortin, sa présidence à la Course des Régions et au Festival de cinéma du monde de Sherbrooke, cela en faisait un homme qui a eu un impact majeur sur le cinéma en Estrie. Je le considère comme le grand-père spirituel du BEAM. »
Pierre Javaux dans les mots Michel (MiQui) Quirion
« La seule chose que je peux dire de Pierre c’est que je l’ai toujours considéré comme le plus grand ambassadeur du talent artistique de l’Estrie. Son implication toujours et partout était exemplaire. Je l’appelais Monsieur le Ministre de la Culture lorsque je le voyais arriver dans un événement de théâtre, de danse ou de cinéma, issu des artisans estriens. C’était un homme d’une grande droiture morale et il lui arrivait d’avoir des opinions très tranchées. On a divergé plus d’une fois dans nos prises de position, mais toujours dans le respect de l’opinion de l’autre. C’était un gentleman et il me manquera toujours avec son grand rire et son optimisme sans bornes, malgré les embuches que la vie a mises sur sa route. »
Pierre Javaux dans les mots de Louis-Charles Blais
« Je l’ai connu avant la Course. Il venait aux soirées Kino Estrie et je le voyais là. Un jour, il s’est pointé à une présentation de mon premier court-métrage à la Capsule, alors que je devais avoir environ 15 ans, et est venu me voir après pour m’encourager à continuer. Je trouvais tellement spécial qu’il prenne le temps de venir voir mes projets, alors que je savais qu’il avait une si grande expérience du milieu et de la culture en général. Je l’ai davantage côtoyé pendant la Course en 2019. Il m’a appris à m’intéresser aux créations, à participer aux rencontres et à créer des contacts. Il m’a tellement aidé à me dégêner, puisque j’étais jeune et souvent impressionné dans les événements. Son opinion était très juste et même si les avis n’étaient pas toujours partagés, ce n’était certainement pas à lui qu’on aurait dit Ok, boomer! »
Pierre Javaux dans les mots de Pascale Rousseau
« Pierre, c’est la passion, de celle qui ronge tout, mais aussi de celle qui anime. La preuve est son projet de film qu’il n’a jamais abandonné pour cet amour-passion. C’était un grand qui vient avec tout un bagage et qu’il aurait pu être dur d’approcher, mais au contraire, il était tellement sincèrement intéressé par l’autre que c’en était déroutant. Encore là, la passion avant tout. Il était sensible aux gens passionnés, aux gens de projets, aux gens qui déplacent les montagnes et qui rêvent au-delà de celles-ci. Et ce qu’il restera de Pierre? Les jeunes. Ils les as écoutés, accompagnés et mis à l’abri sous ses branches de grand chêne. »
Un mot sur la rédactrice
Fière Estrienne établie à Sherbrooke, Caroline Fontaine est enseignante en Littérature et communications au Cégep de Sherbrooke. L’écriture fait partie de ses nombreux intérêts artistiques et elle adore aller à la rencontre de l’autre. Elle collabore également sur des tournages et développe son expertise en création de contenu.